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Christophe Rody (CH)
16 mars 2006

les Young Gods à Montreux

A l’annonce de la venue des young gods lors de la conférence de presse du montreux jazz festival en avril dernier pour deux soirées spéciales célébrant leur 20ème anniversaire, nous n’imaginions peut-être pas encore à quel point nous allions vivre des moments aussi uniques qu’improbables, notamment lors de leur 2ème soirée qui allait réunir le trio helvétique et la sinfonietta de lausanne. Alors que la première représentation des young gods le mercredi 13 juillet annonçait la mise en route d’un nouvel album avec de nouveaux morceaux résolument orientés vers des guitares samplées et un son plus brut que leur orientation vers les musiques ambient amorcées avec leur album ‘only heaven’, le lendemain allait nous replonger vers les premiers albums, revisitant de manière inopinée un répertoire presque oublié. Intitulée ‘20 years old: experimental rock and classical music’, cette soirée réunissait une trentaine de musiciens issus de la sinfonietta de lausanne, ainsi que le trio emmené par franz treichler. Mais avant de nous plonger dans cette expérience inédite, les young gods avait invité le groupe américain fantômas, derrière qui se cache rien que moins que mike patton, ex chanteur de faith no more, le batteur terry bozzio ainsi que buzz osborne, le guitariste des melvins et trevor dunn à la basse, qui avait déjà accompagné patton avec le groupe mr bungle. On connaissait les frasques du leader de faith no more et son intérêt non dissimulé pour le rock expérimental. Fantômas pourrait se traduire comme un prolongement à mr. bungle. Sur scène, une batterie démesurée était installée et allait accueillir un dave lombardo en grande forme. Mike patton, quant à lui, allait nous réserver bien des surprises en utilisant son bijou de voix de manière arrachée. Décrire la musique de fantômas se révèle un exercice difficile mais patton la décrit comme étant une ode hardcore aux cartoons ou du ‘hardcore pour bébés’. Pas faux. Durant une heure (plus de temps aurait rendu la digestion plutôt difficile) le combo s’est livré à un véritable exercice de style. Patton, en véritable clown psychopathe, a trituré sa voix et ses machines en sortant des sons cartoonesques tandis que terry bozzio nous a démontré comment il avait largement apprivoisé son mastodonte de batterie. Un résultat déjanté, ou chaque morceau paraissait en contenir une centaine de plus et auquel ‘bip bip & le coyote’ se seraient volontiers reconnus. Troublant et hilarant! 22H45... Le miles davis replonge dans le noir. Sur scène, les musiciens de la sinfonietta s’installent, accordent leurs instruments tandis que christophe rody, le chef d’orchestre de la formation, se dirige au devant de la scène et s’installe sur son estrade. La musique commence, envoûtante et lyrique. On croit halluciner. Les envolées de violons se font plus présentes, et nous enivrent en guise d’introduction. Puis débarque franz, bernard et al. L’évidence d’une telle rencontre est alors immédiate lorsque les premières notes de ‘la fille de la mort’ se mettent à résonner. La voix rocailleuse de franz treichler s’accorde à merveille à cette formation éphémère. L’étonnement fait place à l’enchantement. L’ampleur de ce rendez-vous entre le classique et le ‘godcore’ prend toute sa dimension avec ‘l’eau rouge’, ‘envoyé’ ou encore ‘chanson rouge’. Les violons exultent. Sur les écrans, les regards brillants de quelques violonistes féminines à l’encontre de franz treichler prennent une tournure presque sexuelle en les contemplant se déchaîner sur leur instrument. Le jeune dieu chanteur apparaissait la veille en véritable chaman, il se transforme ce soir en gourou dont les instrumentistes semblent totalement dévouées. Après une exploration du répertoire de kurtweil dans la langue de goethe et une parenthèse qui aura exploré des expérimentations plus ambient, le magnifique ‘moon revolutions’ arrive à point nommé. Le public est en transe. Un ‘skinflowers’ aux relents folks offre une excursion légère, tandis que ‘kissing the sun’ ou ‘supersonic’ nous fait jaillir des entrailles de la terre. Vient plus tard un premier rappel et quelques ultimes plages sonores qui ne cessent de nous envelopper. On croit alors que le voyage se termine. Mais le groupe revient une dernière fois. La surprise est totale lorsque débarque sur scène mike patton à la place de franz treichler. Le chanteur américain nous délivre alors une version majestueuse de ‘did you miss me’ puis est rejoint par franz pour entonner ‘september song’ en duo. Magique. Un peu plus tôt dans la soirée, une spectatrice aura crié ‘charlotte’ vers la scène. Son vœu sera exaucé lorsque les notes de la chanson prennent vie pour mettre un point d’orgue à ce sublime concert. Là où le mélange des genres pouvaient nous laisser sur notre faim, à l’instar de la programmation de l’auditori de barcelone lors de la dernière édition de sonar qui avait réuni richie hawtin ou dj rapture à un orchestre philharmonique, les young gods ont pris le temps de travailler pour nous offrir une soirée d’une qualité indéniable, où seul le son pouvait faire quelques fois défaut. Mais il est vrai qu’accorder un orchestre symphonique aux young gods relevait du pur défi qui ne pouvait apporter toute la puissance sonore que l’on avait retrouvée la veille lors de leur premier concert. Qu’importe, ce détail fut rapidement réduit à néant au vu du spectacle auquel nous avons pu assister. Après avoir réinventer le rock il y a 20 ans, les young gods seraient-ils prêts à réinventer le classique? La célébration de ce mariage éphémère que nous avons partagé ce jeudi soir avec ces jeunes dieux ouvrent en tous les cas les portes aux expérimentations les plus folles. Chapeau maestros!
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Christophe Rody (CH)
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